Les pratiques de tests évoluent en transversalité.
Les thématiques au cœur de cette édition de la Soirée des Tests Logiciels à Sophia Antipolis, Nice (STLS) en sont le reflet. Au-delà de la nécessaire expertise de test, les interventions démontrent l’intérêt porté à à la création de valeur.
Animation de communautés transverses, culture organisationnelle et software craftsmanship sont autant de thèmes au menu de cette conférence. L’embarras du choix donnait envie de pouvoir se cloner.
La bonne organisation de l’événement vous permet d’accéder au contenu vidéo et aux supports de présentations ici. Bravo à l’association Telecoms Valley pour la réalisation de l’événement ainsi qu’aux sponsors All4Test, Smartesting et Xqual.
Cet article vous partage les 7 tendances à retenir pour 2022 représentative des diverses interventions de l’événement. Les différents échanges sous forme de workshops, conférences et tables rondes ont supporté des partages dynamiques.
Je remercie particulièrement Christophe Moustier et Marc Hage Chahine pour leur revue de cet article. Retrouvez leurs contributions respectives sur les éditions ENI et la taverne du testeur.
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Software craftsmanship sur l’ensemble de la chaîne logicielle
La meilleure façon de délivrer du logiciel en flux tiré est de limiter le nombre d’allers-retours. Pour cela, il ne faut pas forcément plus de tests. Il faut s’organiser pour construire et valider au plus tôt le niveau de qualité.
Le software craftsmanship est un paradigme poussant à la livraison de valeur en continu et à produire du code au high standard. Sándor Dargó d’Amadeus partageait les points de difficultés dans la session “Why clean code is not the norm ?”. Un code propre doit être facile à comprendre et à adapter.
Faire la différence nécessite exigence personnelle et confiance en soi pour être une contre-force à la culture existante et aux contraintes projets. Le takeaway principal est d’agir en commençant nous-même par appliquer ce high standard.
Ce high standard doit également se refléter dans l’ensemble de la chaîne logicielle.
La qualité et les tests pour contribuer au réel Quality at Speed
Le clean code est une chose, faut-il encore pouvoir le délivrer efficacement. Les entreprises ont besoin paradoxal de vélocité pour adapter en continu l’expérience utilisateur tout en garantissant les besoins non-fonctionnels tels que la sécurité ou la performance.
Aurélie Lebreton partageait son expérience d’utilisation des métriques Accelerate. Ce rapport démontre que l’amélioration des cycles de livraison avec sa disponibilité, stabilité et récupération du service sont des facteurs clés d’amélioration de l’entreprise.
Dans son cas concret, Aurélie a utilisé l’indicateur phare d’accélération de livraison pour améliorer structurellement la valeur et la satisfaction du produit en question. Le message clé est de savoir choisir un minimum de métriques phares pour canaliser les efforts d’améliorations.
Pour réussir ces améliorations structurelles de livraison logicielle, il faut agir à plusieurs niveaux. Les cartes de maturité des tests agiles partagées par Christophe Moustier démontrent le besoin d’agir en transverse et reflétent la transversalisation des pratiques de qualité.
Les cartes sont organisées en 5 catégories reflètent le besoin de complémentarité des pratiques pour mettre en place du test agile. L’animation de la dynamique est l’objet de la présentation que vous pouvez réaliser dans un atelier avec Christophe 🙂
On est donc loin de se focaliser uniquement sur des tests automatisés, encore moins de manière isolée.
Pour une automatisation de tests inclusive à la qualité
Tester ne rime pas forcément avec qualité. ll faut néanmoins pouvoir valider des besoins fonctionnels et non-fonctionnels dans la livraison logicielle. L’équilibre est de savoir doser l’effort minimal pour contribuer à la qualité du produit et minimiser les risques.
Yves Richard et Mickaël de Vlechouver, tous les deux experts en QA/Test chez Ausy, ont réalisé un atelier dynamique sur les stratégies d’automatisation des tests. Leur partage couvrait le pourquoi de l’automatisation, les difficultés réelles sur le terrain et leurs pratiques concrètes pour y remédier.
Un message fort était qu’une démarche d’automatisation réussie commence par pouvoir travailler en transverse avec l’équipe produit pour aligner les bonnes priorités et avoir conscience des autres tests réalisés. En définitive, il faut remonter jusqu’au client afin d’éviter l’optimisation en silo de matrice de tests. En complément, un vocabulaire partagé en utilisant la modélisation est également une piste intéressante, créant un actif de processus et de connaissances de l’entreprise.
Ce message d’une automatisation au service du produit se retrouvait également dans la présentation de Badis Messaoud “Automatisation des Tests de bout en bout en mode agilité à l’échelle”. Ils ont structurellement amélioré la livraison logicielle chez CDiscount avec Nicolas Marchand sur la mise en place d’un framework de test bout en bout. Celui-ci est déployé dans les équipes produits et combine Robot Framework à de réelles fondations de CI/CD, des jeux de données et des environnements.
Mais la mesure et les outils sont utiles quand l’organisation permet d’en faire une bonne utilisation.
Des organisations dynamiques avec une intelligence en essaim
Les choix d’organisation sont structurants à plusieurs égards. Ils délimitent les intéractions les plus propices entre les acteurs, leurs modes d’échanges et in fine, leur capacité de création de valeur.
Les niveaux de compétition et d’innovation actuels nécessitent une capacité d’adaptation rapide et continue. Marc Hage Chahine, expert méthode et outils chez Altran et auteur sur la taverne du testeur, a partagé un parallèle performance organisationnelle et l’intelligence en essaim.
La performance des mécanismes de collaboration décentralisés a été observée dans la nature et validés sur des robots. Les principes se retrouvent dans les différents modèles d’agilité poussant à une décentralisation des décisions pour pouvoir accélérer.
Il faut cependant veiller à équilibrer au minimum cette décentralisation.
La définition d’un écosystème partagé, de règles d’intéractions et de solutions transverses permettent de poser un cadre d’intéractions. Appliqué aux différents processus de livraison logiciel comme le développement ou les tests, le message clé est qu’il faut organiser la décentralisation pour qu’elle soit réellement performante.
Pour faciliter ces intéractions, les jeux font leur entrée dans la partie.
La gamification au service d’une collaboration d’entreprise
Les jeux font de plus en plus leurs entrées au sein des méthodologies d’apprentissages et de collaborations d’entreprises. Loin de jouer à Pokemon Go entre collègues, de véritables jeux conçus pour des objectifs d’entreprises peuvent être utilisés.
Marc a réalisé une seconde présentation sur l’intérêt des jeux pour le test logiciel. L’accessibilité des jeux a le premier avantage de faciliter la collaboration entre des acteurs de différents horizons. Les activités réalisées impliquent une plus grande contribution des intervenants.
Pour réussir, la gamification a besoin d’un cadre et être professionnellement organisée pour contenir les éléments constituants d’un jeu. Le message de Marc est d’appliquer cette gamification aux domaines du tests pour différents enjeux de développement des compétences, de sensibilisation ou de diffusion des pratiques.
Encore une fois, les cartes de maturité des tests agiles sont également alignées avec ce paradigme.On y retrouve les éléments de décentralisation et de composition dynamique des équipes sous le concept régulièrement poussé par Christophe de X-Teams.
En définitive, les jeux facilitent la réalisation de tâches professionnelles par l’appétence humaine pour le divertissement. On retrouve d’ailleurs ces mécanismes dans les serious games largement utilisés par les entreprises proposant du coaching et animations de groupe dont Marc en décryptera la différence dans un prochain article.
Ces tendances poussent les outils à supporter une collaboration accélérée et transversale des acteurs. D’où le besoin de plateformes.
Des outils évoluant vers des plateformes augmentées
L’intelligence artificielle ou IA, on en parle tous. La mise en production de dispositifs de machine learning ou de deep learning est réelle sur des cas courants comme la recommandation des plateformes de contenus. Les outils de qualité et de testing évoluent vers de réelles plateformes pour pouvoir intégrer ces nouvelles capacités.
Bruno Legeard et Julien Botella de Smartesting partageaient leur solution Gravity. En collectant des données relatives à l’utilisation du produit et aux tests réalisés, les algorithmes réalisent des corrélations et du clustering. Ce traitement permet ensuite de visualiser les parcours clients et leurs potentielles couvertures par des tests.
Cette automatisation permet aux acteurs de se focaliser sur de la prise de décision à plus forte valeur ajoutée au lieu de réaliser des analyses de logs. En complément, la plateforme peut générer les tests à partir des traces pour les injecter dans les outils référentiels et d’automatisation.
Le produit s’inscrivant clairement dans cette logique de plateforme en connectant partenaires et utilisateurs pour fournir un service à valeur ajoutée. Les partenaires sont les solutions de collecte de traces, de référentiels et d’exécution de tests nativement intégrées par APIs. Gravity restitue ensuite des résultats exploitables aux utilisateurs.
C’est une réelle tendance d’une qualité intégrée qu’il faut pouvoir déployer dans l’ensemble de l’entreprise.
Les communautés de pratiques pour fédérer et accélérer
L’ensemble de ces tendances renforcent le besoin de transversalité dans les organisations. Il faut à la fois composer des équipes cross-fonctionnelles pour itérer rapidement et maintenir une cohérence globale de l’écosystème pour contenir la complexité.
Les communautés de pratiques sont utiles pour animer les acteurs en dehors de leur cadre standard. Antoine Brebant et Nelly Present-Raynal ont partagé leurs pratiques sur l’atelier “Comment fédérer votre communauté de testeurs au sein de votre organisation ?”. Pour réussir, une réelle animation du groupe sur des objectifs concrets doit être réalisée par un ou plusieurs leaders.
Cette thématique a également été animée par Julien Van Quackebeke dans la table ronde “Faciliter l’identification et le partage de bonnes pratiques QA / IT au sein d’une entreprise”. Ce fut l’occasion d’avoir un échange dynamique avec l’ensemble de l’audience.
Voici les points clefs partagés pour organiser une communauté de pratiques :
- Animer avec un ou plusieurs leaders expérimentés sans lien hiérarchique
- Définir une vision déclinant des priorités et des livrables commun
- Organiser des rituels de collaboration (documentation, chat, réunions)
- Partager les connaissances au sein de la communauté et en transverse
- Créer des ponts et relations différentes de type coaching et mentoring
- Laisser le niveau d’animation aux acteurs y compris jusqu’à l’arrêt
- Valoriser la participation des acteurs via le feedback et objectifs
Les communautés en entreprise sont également un moyen d’accélérer la collaboration en transverse, renforcer le sentiment d’appartenance et plus important encore, soutenir le développement personnel pour entretenir les compétences.
L’amélioration continue n’est plus une option.
La qualité et les tests, en route vers le Quality Engineering
Ces tendances démontrent l’augmentation du niveau d’expertise des domaines de qualité et du test. À l’instar de la convergence des technologies, la capacité de composition de ces pratiques permettra de décupler la performance.
Les organisations doivent construire leurs chaînes de livraisons logicielles au high standard. Pour cela, elles doivent itérativement adresser leurs facteurs limitants contextuels qui par nature, nécessitent d’agir à plusieurs niveaux.
Une approche systémique est donc nécessaire. Celle de Quality Engineering en construction dans la QE Unit s’articule autour du framework MAMOS : Methods, Architecture, Management, Organization et Skills.
Cette conférence de fin d’année était l’occasion de se projeter pour 2022. Nous avons largement de quoi faire en montrant l’exemple par nos actions en transverse et focalisées sur la valeur métier.
Quelles priorités allez-vous retenir pour 2022 ?