La vitesse est la conséquence d’un système de bonne qualité.
Bien que ce postulat semble évident, les réalités d’entreprises sont bien souvent différentes. Nombreux sont ceux qui tentent de travailler “rapidement” en commençant par chercher leurs documents dans 50 icônes de leur bureau.
La recherche de vitesse à tout prix crée au contraire, des effets négatifs qui finissent par ralentir le système. La vitesse découle de processus qui, une fois maîtrisés et apporteurs de valeur, sont optimisés et ont pour conséquence une vélocité durable.
Cet article décrit la nécessité d’une approche systémique permettant de développer un système de production logiciel antifragile qui, par ses conséquentes résilience et vélocité, permet aux entreprises de rester compétitives par la qualité.
Les conséquences de la vitesse à tout prix
Quand on va trop vite, on transforme la vitesse en précipitation avec son lot de problématiques : impacts non maîtrisés, travail additionnel – autant de sujets coûteux en temps et en argent qui peuvent parfois empirer s’ils impactent la santé.
Le coût du travail additionnel est loin d’être minime. Blend Jet a par exemple dû rappeler 4,8 millions d’équipements, et également Tesla, qui malgré des mises à jour logiciels à distance, a du procéder à la correction de 120,000 véhicules.
“If you only quantify one thing, quantify the cost of delay”
–Don Reinertsen
Les impacts financiers sont également indirects par le coût du délai qui diminue la compétitivité des entreprises pour lesquelles la vitesse est un facteur différenciant pour capter de la valeur sur le marché et l’étendre par les effets de réseaux.
Une recherche sur la demi-vérité sur l’avantage des premiers entrants a identifié deux facteurs clés pour réussir cette captation de valeur : (i) la rapidité d’évolution de la technologie du produit ou service, et (ii) la rapidité de croissance du marché.
Les organisations doivent donc changer leurs réflexes pour investir dans leur meilleur avantage compétitif : la capacité à déployer des offres digitales avec une fréquence d’actualisation élevée mais durable, et à pivoter sur les marchés les plus porteurs.
L’efficacité passe en premier par la qualité
Dans cet écosystème en renouvellement continu, les clients ont accès à une multitude d’options et sont mieux informés qu’auparavant grâce aux moyens digitaux, leur permettant de comparer offres et avis en quelques clics.
Pour garder leurs clients et en acquérir de nouveaux, les entreprises doivent donc réussir à proposer des offres qui répondront le mieux à leur besoin et les rendront satisfaits vis-à -vis de leur perception et valorisation d’attributs de qualité.
À cet égard, le raccourci entre “qualité” et “haut niveau de qualité” existe encore trop souvent. Pour un nombre d’offres, les entreprises doivent trouver un équilibre entre la valeur payée par le client et le coût de production sans forcément faire du luxe.
Une fois l’efficacité de l’offre atteinte en ayant trouvé son marché, il reste à adresser la qualité du système de production logiciel pour itérer rapidement, à moindre coût, en s’adaptant rapidement. Pour cela, la qualité doit être intégrée par construction.
En complément des démarches lean, extreme programming, ou agiles, il faut réussir à développer les capacités de production logicielle à plus fort impacts sur l’amélioration de l’efficacité mais sans oublier l’efficience.
L’efficience, nécessaire á une vélocité durable
L’efficience est la capacité d’une entreprise à maximiser ses activités contributives par unité de ressources consommées. Parfois considérée comme un extra, elle devient aujourd’hui nécessaire quand les ressources viennent à manquer.
Le premier carburant des entreprises est le cash. Et ce dernier commence à être distribué de manière plus pondérée—divisé par 2.5—depuis la fin de 2022 avec une injection focalisée sur les entreprises à plus fort potentiel en IA et biotechnologie.
Ajoutez à cela l’inflation, les facteurs géopolitiques et macroéconomiques de ralentissement créant des disparités de compétition globale, et une augmentation des chocs auxquels les entreprises doivent faire face dans un temps court.
Sur le volet des talents, les entreprises s’arrachent le peu de personnes disponibles sur le marché avec 20 à 30% de positions restant vacantes, et tentent de fidéliser au maximum des collaborateurs qui se voient pour 39% de passage pour 3-6 mois.
Avec de tels facteurs structurels, l’atteinte d’une vélocité durable requiert d’optimiser les différentes ressources du système de production logiciel pour améliorer les capacités de résilience et d’adaptation continue.
Investir pour la vélocité durable
Les entreprises ont pour défi de maximiser le nombre d’itérations logicielles utiles à la création de valeur, pouvant facilement tomber dans une optimisation de flux locale des équipes d’ingénierie décorrélées des réelles problématiques clients.
Les organisations doivent donc réussir à adresser au-delà des silos organisationnels (i) les domaines à plus fort potentiel de création de valeur et (ii) les facteurs limitants de performance dans leur système de production logicielle.
Cette démarche nécessite d’une vision holistique en 3 étapes afin de :
- Évaluer la maturité du système de production logicielle
- Identifier les problématiques coeurs, forces et faiblesses
- Définir les actions minimales à plus fort potentiel.
La définition du niveau de maturité passe par l’évaluation de 10 indicateurs de performance systémiques dans 5 catégories (entreprise, organisation, livraison, fiabilité, efficience) positionnant la performance de fragile à antifragile.
Il faut ensuite passer au Problem Space en évaluant les forces et faiblesses des capacités de production logicielles—décrites dans le modèle MAMOS—face à des problématiques concrètes de qualité, vitesse, ou d’efficience.
Les choix d’investissements sont définis par l’architecture de solutions systémiques définissant quelles actions minimales sont nécessaires pour résoudre des problèmes systémiques, là où des approches traditionnelles resteraient superficielles.
Aller plus loin avec la production logicielle systémique
La production logicielle systémique permet aux entreprises de développer leur avantage compétitif d’actualisation fréquente de leurs offres dans les marchés à plus fort potentiel par un système de production logicielle antifragile.
Cette antifragilité est atteinte par la maturation des capacités de production logicielle en 4 niveaux (ad-hoc, modélisée, maîtrisée, optimisée) qui cumulées, permettent de développer le système de niveau fragile, robuste, résilient, á antifragile.
Chaque palier de performance permet à l’organisation de mieux canaliser ses itérations vers la création de valeur par l’alignement de son système de production de plus en plus résilient, efficient, et optimisé dans l’utilisation de ses ressources.
Les étapes décrites pour investir dans la vélocité durable sont condensées au sein de la méthode AAA (Assess, Architect, Accelerate), une démarche de transformation itérative pour apporter de la valeur au plus tôt avec le maximum d’impacts durables.
Démarrez ici la méthodologie AAA.
References
2023. BlendJet Recalls 4.8 Million BlendJet 2 Portable Blenders Due to Fire and Laceration Hazards. Consumer Product Safety Commission.
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